Flavie, la vraie vie de la joaillerie

En ces temps de semi-confinement chronique, Instagram est une lucarne ouverte sur le  monde. Ça donne l’impression d’une pseudo normalité, mais comme tout pseudo, ce n’est qu’un emprunt à la réalité, qui elle, malheureusement, est en train de se vider d’une grande partie de son contenu.

Ça devient vertigineux, on se demande comment on peut émettre une telle logorrhée d’images quand au fond, on ne fait plus grand-chose de remarquable. Alors on rabâche, on radote, on dilue un ordinaire de plus en plus ordinaire, jusqu’à la nausée. On va finir par mourir noyés dans l’insignifiance. A tel point qu’en ce moment, quand je rencontre une vraie personne pour de vrai, je suis quasiment en état de transe. Il m’arrive quelque chose d’extra-ordinaire, au sens propre du terme.

C’est ce qui m’est arrivé la première semaine de janvier quand j’ai rencontré Flavie de flav_ joaillerie.

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La beauté, etc…

La beauté, c’est l’alpha et l’oméga des discussions avec mes copines, le marronnier des journaux féminins et des siècles de quête d’un Graal qui se joue de nos fantasmes. Bref, c’est un sujet qui touche au cerveau néandertalien de la moitié de l’humanité.

Ça faisait un moment que je voulais en parler, mais j’hésitais à faire une incursion sur le terrain de Sophie Davant, son positionnement de  « vieille jeune » / « jeune vieille » pythie de la beauté est indétrônable.

 Et puis mon rayon c’est plutôt les bijoux.

Oui mais en même temps, on n’est pas loin. Parce que quand on parle de bijoux, on parle aussi de beauté, on parle de peau, d’intimité et de séduction. Et dans les bijoux, j’ai rencontré plein de femmes magnifiques, de vraies beautés, de toutes sortes. Parce que c’est justement ça que j’aime dans la beauté, c’est sa diversité, mais aussi ses paradoxes.

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L’année du serpent

Autant j’ai les serpents en horreur dans la vraie vie, autant je les vénère quand ils sont coulés dans l’or ou l’argent et sertis de pierres précieuses.

En cela je rejoins Cléopâtre et Liz Taylor, toutes proportions gardées.

Pourquoi est-ce que choisis un serpent pour clore cette foutue année 2020 ?

Parce que cette foutue année nous a confronté à nos peurs et a questionné nos désirs. Et que dans cette dialectique de la peur et du désir, dans cette oscillation entre la perte de notre tranquillité et la réminiscence de nos aspirations passées, il s’est opéré une translation, un mouvement, une mutation (pas celle du virus ! La nôtre !) qui doit ressembler à la mue… du serpent 🐍

Voilà mes serpents préférés :

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Galerie Ailleurs, le goût des belles choses selon Régis

Ça fait un bail que je cherchais un homme à interviewer, parce qu’au niveau parité dans mon blog, je ne suis pas du tout dans les clous.

Ce n’est pas de la mauvaise volonté, mais dans les bijoux et la création au sens large, je rencontre plus souvent des femmes que des hommes et je le déplore. En amitié, dans le travail, en amour ou en général, personnellement je ne pourrais pas me passer des hommes, n’en déplaise aux warriors du féminisme radical…

Je pourrais vous faire une thèse sur le féminisme que j’ai chevillé au corps depuis mes 3 ans et demi, mais c’est une autre histoire… il n’en reste pas moins que si la science est un domaine essentiellement masculin, la mode, les bijoux et la déco restent des univers où la sensibilité féminine prédomine. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’hommes.  

Alors quand Sophie Pfeffer de la marque 5 Octobre m’a parlé de Régis Godon et de sa galerie Ailleurs, j’ai sauté sur l’occasion. Un peu de testostérone dans le monde des Précieuses ça peut pas faire de mal ! Et puis les rares hommes que j’ai interviewés dans mon blog sont des figures dans le domaine du bijou et de la joaillerie, de Selim Mouzannar à André Gas en passant par Jean Grisoni et Walid Akkad. Alors je me suis dit qu’un nouveau dans la déco, c’était la pépite à ne pas manquer. Lire la suite

Hélène & Jeanne Karpov, l’âme russe puissance 2

Qui se rappelle de ce film hilarant « Un poisson nommé Wanda » sorti en 1988 ? Une histoire de hold-up de diamants réalisé par un trio d’escrocs loufoques, avec une Jamie Lee Curtis irrésistible dans le rôle de Wanda qui se pâme quand elle entend parler italien. Si je m’en rappelle c’est parce que c’est un des films cultes de ma jeunesse, et que je suis comme Jamie-Wanda, mais moi, c’est quand j’entends parler russe que je perds les pédales.

Mon syndrome Wanda est définitivement lié à l’âme russe.

Alors quand j’ai découvert le compte de Karpov.Paris sur Instagram, la marque créée par Hélène et Jeanne Karpov, je suis tombée en arrêt.

A force de faire défiler des images sur mon iPhone, j’ai souvent l’œil qui vrille, ce qui finit par me brouiller la vue autant que le jugement. Dans cette orgie d’images, les comptes qui saturent l’œil de bijoux ont tout faux. Parce qu’ils oublient de raconter une histoire, celle qui est forcément là, en coulisses du travail créatif.

C’est cette parfaite intimité entre les images de bijoux, les gouaches d’une rare perfection, et les illustrations tirées de l’iconographie russe qui a attiré mon attention sur le compte de Karpov.Paris. Je me suis arrêtée, j’ai admiré la délicatesse des dessins, les esquisses de leurs créations ou les gouaches multicolores illustrant des pièces de haute joaillerie, et j’ai été séduite par l’univers onirique qui se dégage de leur page, on a l’impression d’entrer de plain-pied dans un conte. Et puis j’ai compris.

Les sœurs Karpov sont d’origine Russe, mon syndrome Wanda s’est réveillé brusquement d’une longue léthargie.

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Les petites nouvelles 4/4 : Magali

Magali Pont est-elle vraiment une petite nouvelle de la création de bijoux ? Oui et non pas du tout, mais comme elle vient de lancer sa marque éponyme, j’ai eu envie de la retrouver et de vous la présenter avec un œil neuf.  

Six années se sont écoulées depuis notre dernière rencontre, elle a fait du chemin depuis. C’est toujours intéressant de confronter son propre parcours à celui des autres, chacun avance selon son propre système, en ligne droite ou en virages, en continu ou en pointillé, par palier ou en looping (moi je suis très looping, d’ailleurs en ce moment j’ai plutôt la tête en bas … ), peu importe, l’idée, c’est le mouvement.

Magali a le don de créer des bijoux comme on invente une histoire, et ce processus agit comme la mue du serpent. A chaque nouvelle histoire, elle se réinvente avec l’enthousiasme de l’éternelle jeunesse, et même si elle gagne en maturité, on sent bien, quand on l’écoute ou la regarde, que la flamme adolescente brule toujours intensément en elle.  

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Birdy Joaillerie, le nouvel Eden d’Alexandra

Les posts que j’écris en ce moment sont des souvenirs très récents. Juste avant le confinement saison 2, du temps où l’on pouvait encore aller dans une boutique pour voir, rêver, toucher, essayer, un bijou.

Fin octobre, j’avais rendez-vous avec Alexandra Makowski, la fondatrice des boutiques Birdy.

Je me rappelle d’un ami qui disait qu’il était heureux parce qu’il avait la mémoire d’un poisson rouge. J’avais trouvé ça à la fois déplorable, qui a envie de ressembler à un poisson rouge (?) et en même temps très pratique, parce que le manque d’imagination, ou plus exactement l’impossibilité de se remémorer le passé ou de se projeter dans l’avenir, c’est la garantie d’un état végétatif tout à fait tranquille.

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Les petites nouvelles 3/4 : Claire

La troisième rencontre de ma journée découverte ressemble à un speed-dating.

Je ne connaissais pas la créatrice de la marque yv.delloye que j’allais rencontrer. J’avais découvert ses créations chez By Marie il y a quelques mois et j’avais flashé sur ses bagues en tourmalines baguettes. Au sens propre du terme, car cette taille inédite potentialise la diffraction de la lumière dans la pierre en y allumant un fulgurant rayon, façon épée de lumière de Star Wars  (ceux qui sont fans m’auront compris, pour les autres, je les renvoie à la célèbre saga inter-galactique).

J’avais essayé toutes ses bagues aux formes architecturales d’un grand raffinement, et je m’étais dit que c’était vraiment beau, réalisé avec virtuosité, et surtout inédit.

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Les petites nouvelles 2/4

Retour sur ma journée découverte de nouveaux talents du vendredi 16 octobre, avec un retard certain, l’annonce du confinement saison 2 et un déménagement à boucler de toute urgence ont enrayé mon système.

Je reprends mon parcours où je l’ai donc laissé, dans une ravissante cour pavée de la rue des Tournelles, une des plus jolies du Marais. C’est là où vers midi, j’ai manqué de me retrouver le cul par terre, les talons ne font pas bon ménage avec les pavages du 17ème siècle.

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Les petites nouvelles 1/4

Vendredi dernier,  j’avais planifié une série de reportages avec ma complice photographe Delphine, 4 rendez-vous avec 4 nouvelles créatrices bijoux, dont la première était la jolie Anne, de la marque Ad.Ornem. Malgré un superbe wavy magistralement réalisé par ma coiffeuse Inès, j’avais les yeux de Droopy, la main cramée et j’ai failli m’écraser sur les pavés du marais après un spectaculaire vol plané.

Le féminin de Gaston Lagaffe ? M’enfin !!! C’est moi.

Je m’étais cassée la tête la veille avec une copine.

Je m’étais brulée la main en faisant des œufs cocottes.

J’avais mis des talons pour faire des kilomètres.

En français courant, je crois qu’on appelle ça une chèvre.

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La tourmaline selon Selim

La semaine dernière, c’était Fashion Week.

Contrairement à ce qui se passe chaque saison, il n’y a pas eu de retrouvailles glamour-cosy avec Selim Mouzannar à l’hôtel Daniel dans le 8ème arrondissement de Paris, pas d’habits de lumière, pas de macarons pour le thé, pas de coupe de champagne pour l’apéro, et pas de poirier de Selim…  juste des têtes masquées sur Zoom.

Selim avec sa team dans sa maison de Beyrouth transformée en studio- showroom pour l’occasion, moi à Paris et Alexis à New York en charentaises dans nos salons respectifs et nos clients et journalistes préférés là où ils sont le plus souvent ces derniers temps, c’est-à-dire chez eux.

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Camille, le style en héritage

Certains lieux sont imprégnés de souvenirs. Y remettre les pieds, c’est faire un voyage qui nous projette à la vitesse de la lumière dans notre mythologie personnelle. Et si ça nous ramène dans notre jeunesse, c’est fabuleux, l’endroit se pare pour toujours d’une aura enchantée.

C’est ce qui m’est arrivé cette matinée de septembre caniculaire où je suis partie rencontrer Camille Riboud, la nouvelle Directrice Générale des boutiques Victoire. En descendant la rue Montmartre pour la retrouver dans son appartement de la rue du Mail, j’ai été envahie par une série de flashbacks.

Le quartier de la place des Victoires agit sur moi comme un filtre nostalgique, une véritable madeleine de Proust.

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Email vitaminé

L’automne est synonyme pour moi  de cette partie de l’année où l’on bascule dans la dark face de l’hémisphère nord, ce moment où la lumière se fait la malle vers le sud.

Chacun peut piocher dans sa boite à outil pour affronter cette période de spleen saisonnier : doublement des doses de sport hebdomadaire pour faire le plein d’endorphines, overdoses de chocolat noir, séance quotidienne de luminothérapie, cure de millepertuis, pratique intensive de la méditation, du yoga et du reiki, podcast en boucle de ses humoristes préférés.

Pour ma part, j’ai choisi de croquer dans les fruits d’automne avec les bijoux en émail qui me font de l’œil en ce moment.

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Bleu Indigo, Le choix de Sophie

La rentrée n’est pas supprimée ? Le mois de septembre non plus ? Pas évident… L’installation de cette foutue pandémie nous scotche dans un présent anachronique. Le passé s’efface, on ne se rappelle plus qu’il y a 6 mois on se faisait la bise et tout le monde se tripotait sans vergogne. Quant au futur il est aussi bouché que le sommet du Mont Blanc dans le brouillard, comment imaginer la suite quand les seuls projets de rencontre avec d’autres êtres humains se résument à des réunions sur zoom ?

En ces temps troublés, j’ai trouvé le lieu où prolonger l’été, j’ai répondu à l’invitation de Sophie Pfeffer, la créatrice des ravissants bijoux 5 Octobre dont je suis fan depuis toujours.

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Plein Soleil sur Muriel Piaser

28 Juillet.

Paris est déserté, la COVID s’est exilée sur les plages, abandonnant les cafés sans touristes, au bitume brûlant et aux feuilles roussies prématurément par les vagues de canicule.

Ça sent la fin du monde, on se demande si septembre va bien revenir en l’état dans cette foutue année 2020, c’est comme si tout était parti en vrille dans le dé-tricotage de notre quotidien. Plus de boites de nuits, plus de collé-serré social, plus de visages sans masques, plus de réunions, plus de congrès, plus de salons, plus de voyages, plus d’avion long-courrier… Faire le décompte de ce qui est mis en stand-by depuis 6 mois donne un goût bizarre à cette retraite estivale, le dernier été d’insouciance ?

Si je force le trait, c’est sans doute parce que le mois d’août à venir ne m’a jamais inspiré. Il est trop brûlant, trop vide, trop mûr, un fruit blet qui tombe de l’arbre. Je me méfie de ce retranchement massif, mon côté réfractaire sans doute…

Alors pendant ces derniers jours à Paris au cœur de l’été, j’ai pris rendez-vous avec la fille la plus pêchue du monde de la mode et du bijou, histoire de m’inoculer une forte dose d’adrénaline vitaminée pour l’été.

Muriel Piaser est une figure. Je l’ai croisée mille fois dans ma vie antérieure de créatrice de bijoux, dans les allées du salon The Box qu’elle avait créé en 2006 pour le compte de la Fédération Française du Prêt à Porter.

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Aider le Liban

Au moment où j’ai mis un point final à l’écriture de mon dernier et prochain post, le mardi 4 août, un entrepôt explosait dans le port de Beyrouth, détruisant la ville à une vingtaine de kms à la ronde.

Je pense à tous mes amis libanais et en particulier à Selim Mouzannar, à sa famille, ses amis et toute son équipe, qui sont sains et saufs Dieu merci.

Au lendemain de la castastrophe qui a détruit Beyrouth, Selim et cinq autres joailliers indépendants, Bibi van der Velden, Daniela Villegas, Gaëlle Khouri et Noor Farès, ont organisé un concours sur le site D’AUVERTURE, la plateforme créée après le Covid pour fédérer les designers de joaillerie indépendants, pour mettre en jeu un bijou de leur collection. Le billet de participation est de 50 € et l’argent sera directement versé à la Croix Rouge libanaise et à la Lebanese Food Bank.

Voilà un lien pour y accéder : AUVERTURE concours pour gagner les boucles d’oreilles de Selim Mouzannar

C’est le moment de penser au Liban et à nos amis libanais tout en se donnant aussi la chance de gagner un des plus beaux bijoux de la collection merveilleuse de Selim Mouzannar.

Et comme le dit Selim :  » This is true that Beirut has been destroyed physically but it will never die »

Vite, vite, le concours se termine le Dimanche 16 août…

Merci pour eux !

Caroline, Happiness house therapy

Avec l’âge, il y a beaucoup de choses qui se détériorent (la loi de la gravité est une malédiction pour le corps humain), mais il y en a une qui croit et embellit, c’est l’intuition. Ce sentiment diffus que quelque chose fonctionne ou ne fonctionne pas, une sorte de capteur intérieur des bonnes et les mauvaises ondes.

Le confinement a été un moment propice à ce type de ressenti : forcée à l’immobilité, mes antennes ont développé leur sensibilité, notamment sur les bonnes et les mauvaises ondes de ma maison.  J’ai fui ma chambre trop petite pour installer mon campement dans une pièce absolument pas aménagée mais totalement ouverte sur le jardin. Et là, sur ma petite table d’appoint et une mauvaise chaise agrémentée d’un coussin, j’ai enfin pu me concentrer sur ce que j’avais à écrire. J’étais exposée plein sud, les yeux s’échappant de mon écran d’ordinateur pour vagabonder dans la verdure ou sur la ligne d’horizon. Autant dire que cette expérience a pris tout son sens à la lumière de ma rencontre avec Caroline Watelet.

J’ai réalisé que nous faisons partie d’un tout, et que ce qui compose notre « moi » se trouve aussi dans notre environnement extérieur.

Caroline est designer d’intérieur, un métier créatif qui répond à des principes esthétiques et rationnels bien connus. Que dire de plus sur ce sujet ?

C’est quand on m’a expliqué, qu’elle soignait aussi les maisons et les appartements que j’ai tout de suite eu envie de rencontrer Caroline.

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Heloïse, A la recherche des diamants taille ancienne

Certaines rencontres sont à double détente.

C’est ce qui s’est passé avec Héloïse. On s’est vues une première fois en décembre, puis je n’avais plus de photographe, puis l’hiver a été poussif, puis le covid a tout bloqué… A peine sorties du confinement, on a repris notre discussion là où on l’avait laissée il y a 6 mois !

On s’était parlées pendant le lock-down, je voyais qu’elle continuait à poster ses jolies photos de bagues en diamant taille ancienne sur l’Instagram de sa marque Héloïse & Abélard Jewelry alors que je m’étais claquemurée dans le silence.

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