Les mots de Stéphanie Bonvicini

La frivolité et la gravité sont deux pôles entre lesquels j’oscille comme une girouette. Intensément frivole et farouchement grave mais jamais durablement, cette perpétuelle oscillation m’empêche de me spécialiser dans un des pôles, ce qui me classe dans un genre hybride, le tragi-comique.

Les personnes qui ont choisi d’habiter l’un des deux pôles et qui y tiennent leur place avec brio me bluffent, elles me font l’effet d’être des expertes d’un registre dans lequel je ne resterai à jamais qu’une dilettante.

Stéphanie Bonvicini fait partie de celles  qui ont choisi leur camps, car si son insatiable curiosité l’a conduite du journalisme à l’écriture puis à la sculpture, elle a tout entrepris avec intensité, détermination et gravité. Son CV est long comme le bras, elle a déjà vécu 7 vies, et elle est douée d’une agilité remarquable pour rebondir sur sa passion première que sont les mots, ceux qu’elle a échangés dans ses interviews, ceux qu’elle a écrits dans ses livres, ou ceux qu’elle sculpte maintenant sur ses plaques en céramique. Lire la suite

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Isabelle, le femme qui murmurait à l’oreille des designers & des artisans

La première fois qu’on m’a parlé d’Isabelle Dubern- Mallevays, c’était il y a un an. J’ai regardé le compte de The Invisible collection, et j’ai répondu  :

Pas pour moi !

– Mais pourquoi ? s’était étonnée Delphine.

Trop design, trop luxe, trop pointu, avais-je rétorqué.

Puis en décembre dernier, quand Vincent, mon attaché de presse préféré m’a appelé et m’a dit de ce ton sans appel– « Tu dois ab-so-lu-ment faire le portrait d’Isabelle », j’ai buggé.

Je n’y connais rien en art, ni en design, même si j’ai raconté Amélie maison d’art et la galerie Ailleurs dans les Précieuses, mais leurs univers m’étaient plus familiers. Pour le reste, je suis une ignare et sortir de ma compétence, la joaillerie, pour mettre le pied dans une autre constellation de l’univers du luxe, quelle imposture ! Mais Vincent ne m’a pas donné le choix, – « Rendez-vous demain à 15h à l’hôtel Château Voltaire, je compte sur toi  » et il a tout bonnement raccroché, Vincent est un terroriste des RP.

Le lendemain, j’avais parcouru le site The Invisible Collection, et j’étais encore plus stressée. En 6 ans, Isabelle et ses associées, Anna Zaoui, la co-fondatrice, et Lili Froehlicher, leur jeune Général Manager ont construit un site luxueux qui édite du mobilier de designers et d’artisans.

Une sélection ultra pointue, une image inspirante, une offre solide et des valeurs clés, exigence, écologie, passion, culture et société. The Invisible Collection est au mobilier ce que net-a-porter est à la mode et la joaillerie depuis deux décennies, un site marchand qui dément que l’intimité du luxe serait incompatible avec le digital, autant dire une prouesse.

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L’irrésistible folie douce de Florence Nérisson

C’est l’été… Pour la plupart du monde, la seule préoccupation, c’est de se faire bronzer les fesses et de picorer des tapas avec un verre de rosé devant le soleil couchant.

Mais il y a les autres, ceux qui bossent.

Par obligation : les saisonniers, médecins, sauveteurs, guides, hôteliers et restaurateurs au service des touristes tout l’été.

Par vocation : les sportifs qui se produisent au JO.

Et par aspiration : les écrivains et les artistes qui ne se lèvent le matin que pour assouvir leur soif de création.

J’ai une grande admiration pour cette troisième catégorie à laquelle je rêve d’appartenir, ambition perturbée par mon inclinaison aux plaisirs primaires de la vie, fesses bronzées, rosé, tapas…

Florence Nérisson fait partie de ces artistes que les vacances n’intéressent absolument pas.

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Martin Martin, le chic remix selon Capucine

Si la mode reste pour moi un domaine désirable, c’est parce que je n’ai jamais réussi à en faire un métier pour en percer les mystères. Du haut de mon 1m73, j’ai bien tenté une carrière de top model autour de mes 20 ans, mais mon rêve s’est heurté à la dure réalité d’un nez trop grand, d’une oreille mal finie, d’un IMC non conforme et d’une démarche dégingandée digne d’Olive, la femme « à Popeye ».  

J’ai remballé mes rêves de grandeur après quelques petits jobs de mannequin-cabine au salon du prêt-à-porter pour des marques du sentier, job rémunérateur mais totalement dévastateur pour mon égo. Et j’ai remisé la mode au rang d’archétype de la perfection, inaccessible, réservé aux déesses de la hype. Lire la suite

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L’Indian Way de Dorothée Sausset

Dans la famille des créatrices de bijoux, Dorothée Sausset appartient à la catégorie des « Aventurières » et rien que pour ça je l’admire, moi qui n’ai jamais pu m’échapper durablement hors du périphérique parisien.

Elle a roulé sa bosse dans les Caraïbes, à Cuba, en Amérique du Sud, avant de se poser définitivement en Inde pour y faire des bijoux, d’abord pour les autres, et maintenant en son nom.

J’ai repéré son compte Instagram parce que j’y ai tout de suite reconnu l’Inde, ses couleurs éclatantes, sa lumière magique, ses paysages somptueux, ses effluves de jasmin et ses lieux sacrés. Moi qui ne suis pas du tout branchée ni yoga, ni méditation, ni talisman, ni bijoux ethniques, j’ai tout de suite adoré le compte de Dorothée, parce que ses bijoux sont ravissants, mais surtout parce que tout m’apparaissait authentique, sincère, dénué de ce folklore factice qui fait le lit des gourous New Age à la mode et des créatrices qui se mettent dans ce sillage juteux. Lire la suite

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Les voyages dans le temps de Lou Woolworth

La première fois que je suis passée devant la galerie Isabelle Subra Woolworth au 51 rue de Seine, je suis tombée en arrêt devant la beauté des bijoux anciens présentés en vitrine, mais je n’ai pas poussé la porte.

J’étais pressée, et sans doute aussi, impressionnée. Les galeries de bijoux anciens m’en imposent plus que les vitrines des grandes marques de la place Vendôme. Ce monde-là exhale les privilèges aristocratiques, le prestige de la grande histoire, les secrets de familles et les mystérieux réseaux des antiquaires et des commissaires-priseurs. Un monde élitiste, un peu occulte, intimidant.

Comme souvent, le signe du ciel qui m’a permis de vaincre cette ultime (et ridicule) timidité est venu d’Instagram. Parce que les bijoux anciens, eux aussi ont fait leur révolution digitale. Depuis quelques années, si ce marché connait un regain d’intérêt, c’est en partie grâce à ce média essentiel pour les petites marques. Ce qui se cachait autrefois dans d’obscures galeries d’initiés fait aujourd’hui l’objet de magnifiques comptes Instagram qui foisonnent de bijoux hérités du passé.

Parce qu’un bijou ancien, c’est plus qu’un bijou. C’est aussi une histoire, une trace de la virtuosité d’artisanats oubliés, une source d’inspiration extraordinaire, une exquise nostalgie, et pour ceux qui les aiment, un talisman unique.

Et puis il faut le dire, ils sont doués d’un pouvoir magique. On ne choisit pas un bijou ancien, c’est lui qui vous choisit.

C’est ce qui m’est arrivé avec une bague que Lou Woolworth avait postée sur l’Instagram de la galerie.

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Galerie Ailleurs, le goût des belles choses selon Régis

Ça fait un bail que je cherchais un homme à interviewer, parce qu’au niveau parité dans mon blog, je ne suis pas du tout dans les clous.

Ce n’est pas de la mauvaise volonté, mais dans les bijoux et la création au sens large, je rencontre plus souvent des femmes que des hommes et je le déplore. En amitié, dans le travail, en amour ou en général, personnellement je ne pourrais pas me passer des hommes, n’en déplaise aux warriors du féminisme radical…

Je pourrais vous faire une thèse sur le féminisme que j’ai chevillé au corps depuis mes 3 ans et demi, mais c’est une autre histoire… il n’en reste pas moins que si la science est un domaine essentiellement masculin, la mode, les bijoux et la déco restent des univers où la sensibilité féminine prédomine. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’hommes.  

Alors quand Sophie Pfeffer de la marque 5 Octobre m’a parlé de Régis Godon et de sa galerie Ailleurs, j’ai sauté sur l’occasion. Un peu de testostérone dans le monde des Précieuses ça peut pas faire de mal ! Et puis les rares hommes que j’ai interviewés dans mon blog sont des figures dans le domaine du bijou et de la joaillerie, de Selim Mouzannar à André Gas en passant par Jean Grisoni et Walid Akkad. Alors je me suis dit qu’un nouveau dans la déco, c’était la pépite à ne pas manquer. Lire la suite

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To be Arabe or not to be… Selon Hadia

Prénom : Hadia

Nom : Decharrière Hamzawi

Profession : Dentiste. Ecrivain. Les deux

Yeux : Bleu marine

Culture : Arabe. Française. Les deux

Un CV c’est toujours un peu réducteur, surtout quand il s’agit d’une personne aussi multiple qu’Hadia. En même temps, on pourrait y lire beaucoup de choses : Ça dit Orient et Occident, ça dit scientifique et littéraire, ça dit mariée, et si je devais rajouter une image sur ces informations basiques, je dirais aussitôt Isabelle Adjani dans le clip Pull Marine, chanson mythique écrite par Gainsbourg en 1983, quand Hadia n’était encore qu’une toute petite fille.

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Amélie ou une nouvelle idée de l’art

C’est en flânant sur Instagram que j’ai découvert Amélie Maison D’art.

Je n’ai pas de culture artistique à part d’épisodiques incursions dans les musées, je n’y connais pas grand-chose, et ma seule réaction devant une œuvre d’art est mon ressenti immédiat, en gros, « j’aime » ou « j’aime pas », ce qui peut aussi se traduire par « ça me touche », ou « ça ne me touche pas ». Point barre.

Si je suis une familière des intellectuels, les artistes sont sur une autre planète que la mienne, je les vois comme des êtres hypersensibles dépourvus de sens commun, déroutants, instables et exaltés, je crois qu’ils me font un peu peur, j’en connais peu.

Mais depuis quelques temps, ma curiosité s’est éveillée à différents domaines de la création et je me suis mise à suivre sur Instagram des artistes ou des galeries dont les images correspondaient à mes aspirations esthétiques. C’est aussi venu avec la lassitude des comptes Instagram boring jusqu’à la nausée des reines du narcissisme moderne. Je ne supporte plus l’infinie succession de leurs poses lascives, de leur corps de rêve empaqueté dans des vêtements et accessoires de luxe, et leur moue boudeuses a saturé ma rétine et siphonné mon cerveau.

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Isabelle Thomas, The best of (Blondie) Fashion

Aujourd’hui, je vais vous parler d’Isabelle Thomas, styliste, auteur du blog Mode Personnelle et de différents livres sur ce thème.

Isabelle est venue à la mode et au stylisme après une vie de journaliste et d’auteur bien remplie, son approche est spirituelle, joyeuse, généreuse, ancrée sur une solide expérience et une intuition toujours en veille.

Si je me suis intéressée à elle, c’est parce que son approche de la mode me semble originale, ce qui n’est pas un vain mot dans ce domaine.

Toutes les filles adorent la mode, et rares sont celles qui peuvent affirmer sans flagornerie qu’elles ne s’intéressent pas du tout à cet univers. Il me semble que les seules qui peuvent se réclamer de cette minorité sont celles qui sont entrées dans un sacerdoce spirituel (les nonnes), familial (les mères de familles nombreuses), professionnel (les urgentistes de garde), ou sexuel (les femmes- hommes).

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