Un long mois de mai de fiançailles

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On est le 1er mai, fête du travail, on s’apprête à vivre un mois de mai en gruyère, entre boulot et ponts, une sorte d’entraînement pour les grandes vacances. Nos contacts professionnels étrangers soupirent, nous envient et se gaussent à la fois, c’est ça la France… Les catastrophes qui émaillent l’année 2015 ne changent rien à notre vie, c’est ce qu’on appelle la force de l’habitude.

Moi je ne suis pas très muguet, et vous l’avez remarqué, légèrement allergique aux trucs obligatoires, genre les jours où il faut faire la fête, il faut pas travailler, il faut se révolter, il faut manger comme 4, il faut bronzer, bref, je suis réfractaire au « il faut ». Ça ne m’empêche pas de prendre largement mon quota de farniente-fiesta-bronzette, mais en général, à contre temps. Et donc aujourd’hui je bosse.

Je me suis souvenue que la période du printemps est aussi, pour une certaine génération, la période des fiançailles et préparation des mariages. Enfin pour ceux qui n’ont pas encore définitivement jeté aux orties ce concept apparemment désuet mais, il faut bien l’avouer, qui a la vie dure.

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J’ai gardé un souvenir impérissable, mais pas forcément dans le bon sens de l’impérissable, d’un certain mois de mai il y a quelques années (le « quelques » est un euphémisme, je vais fêter en juin prochain mes 25 ans de mariage, je ne sais pas si je dois m’en féliciter ou le déplorer) période pendant laquelle j’ai du perdre quelques kilos à m’épuiser dans des recherches aussi frénétiques que vaines : traiteur et menu, Johan Pachelbel et Khalil Gibran, prêtre dominicain et maire du 16ème, témoins et belle famille, robe et costume, invités (ou pas) et placements (ou pas), fleurs et déco, liste aux Galeries Lafayette et ménagère Christofle, chignon et peau caramel, manoir et tente, DJ et bande son, champagne et petits fours, et surtout, surtout, La bague.

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Je me souviens que la recherche de La bague était une sorte de recherche du Graal : il la fallait exceptionnelle, parfaite, capable de traverser les années sans prendre une ride, opulente, originale, impressionnante, magistrale, chic, personnelle, et en ce qui me concerne, pas trop chère quand même.

Il se trouve que je me suis mariée peu ou prou en même temps que toutes mes copines, sauf Odile (qui a attendu 55 balais pour trouver chaussure à son pied, et qui a décroché la plus époustouflante bague de fiançailles que je n’aie jamais vue, comme quoi parfois la vie se charge de revanches inespérées), et que finalement, on s’est toutes retrouvées avec le même style de bague, le diamant serti clos, ou la marguerite.

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Comme si les attentes colossales concentrées dans ce bijou s’étaient autoannulées, et qu’à force de vouloir la perfection, on l’avait tuée dans l’oeuf pour accoucher de la banalité la plus déprimante.

Ou alors il y a une autre théorie à laquelle je crois plus aujourd’hui, qui était que dans les années 90, nous courrions toutes après la même chose, et que finalement, on avait formaté notre vie dans un faisceau d’exigences qui faisaient de nous de véritables petits soldats, aux goûts stérilisés, et aux fantasmes nettoyés au Monsieur Propre.

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On voulait un travail, un mari évidemment, un joli petit appart bien décoré en vert et bleu façon Ile de Ré, des enfants mais pas trop pour pouvoir continuer à bosser, des diners de potes à base de tomates-mozza et de pâtes au saumon, et des locs de vacances partagées entre méditerranée et atlantique. Autant dire qu’on avait des rêves très terre à terre, où la personnalité de chacune s’effaçait derrière le schéma idéalisé de l’époque, qui était de se construire une vie de famille confortable, au prix d’un féminisme de bon aloi, d’un sens des responsabilités assez fort, et surtout, d’un renoncement drastique à une certaine forme de créativité.

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Quand je me repenche sur le film de ma vie dans les années 90, je nous trouve plus vieilles qu’aujourd’hui. On portait toutes les mêmes tailleurs vestes épaulées- jupes droites bleues marine, les mêmes escarpins hyper classiques, la même coupe au carré, la même bague insipide, on bossait toutes comme des tarées, préférant passer des heures en réunion plutôt que de rentrer pour s’occuper de nos gosses en bas âge, on se félicitait d’être indispensable pour notre hiérarchie, et on avait totalement sacrifié notre vie sociale, épuisées par notre sacerdoce de bons petits soldats. Ça a duré à peu près dix ans, le temps que nos enfants soient en âge de se garder tout seuls, pour certaines de se rendre compte que le couple n’était pas une fin en soi, et pour moi, que ma vie manquait complètement de souffle et de créativité.

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Vous allez me dire que je m’égare, vu que j’étais partie pour vous parler de La Bague, la fameuse bague de fiançailles, mais en fait pas du tout.

Mon propos, c’est de dire que si chaque époque est régie par un vent dominant, dans mes années 90, c’était une norme de réussite sociale matinée d’exigences familiales, et aujourd’hui, c’est l’anti norme. Il me semble que l’individu s’est remis au centre du système, avec cette volonté farouche de s’écouter, de se faire du bien, et de trouver sa propre voie. Finis les diktats, l’autorité des chefs, et les vies toutes tracées, je trouve les jeunes archi individualistes, beaucoup plus hédonistes et aussi beaucoup plus créatifs qu’on ne l’était à l’époque.

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Preuve en est cet édito sur les styles de mariage du site de shopping mode super branché stylebop.com:

 Mariages

Par conséquent, chercher aujourd’hui une bague de fiançailles, c’est un kiff total, c’est se plonger dans un univers de la joaillerie complètement décomplexé, débordant de créativité. C’est pouvoir s’offrir un diamant atypique, une pierre de couleur rare aux tonalités étonnantes, un design décalé, bref, c’est se faire plaisir et donner un coup de twist à la sempiternelle équation Solitaire versus Marguerite.

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Et si j’ai un conseil de vieille toupie à donner aux jeunes filles, le voilà : éclatez vous les filles, prenez des risques, choisissez une bague qui décoiffe, qui corresponde à fond à votre fantasme du moment, parce que quoi que vous choisissiez, quels que soient vos efforts, et quel que soit le trajet court ou long de votre couple, de toutes façons, un jour ou l’autre, cette bague, vous en aurez ras le bol, vous ne pourrez plus la voir en peinture, et vous la mettrez au fond de votre boite à bijoux, bien planquée, et vous tournerez cette page.

Alors allez y à fond, have fun !!

MY FAV Elsa MY FAV Daniela

 

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2 réflexions sur “Un long mois de mai de fiançailles

  1. Hello Sylvie
    Je lis ton article du 4 mai, et je partage totalement ce que tu écris sur notre génération : le conformisme de nos premières années de mariage et le fait de s’être toutes plus ou moins trouvées 10 ou 15 ans plus tard (et heureusement d’ailleurs !)
    C’est un plaisir de te lire et ravie de t’avoir revue hier.
    Je t’embrasse
    Pascale

    • Merci Pascale, plaisir partagé ! Envoie pas ta reco bouquins , je suis en mal de bonnes lectures et je fais une totale confiance à la perspicacité littéraire de notre petit groupe !

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