Vacances, Eden ?

 imageT Vacances

Dans mon monde, le mot vacances s’entend comme une parenthèse enchantée dans une vie faite de tâches, contraintes, emmerdements et obligations en tous genres, un temps de repos sur les activités ordinaires, bref, l’apologie de l’agenda vide, du temps non compté, du bronzage, et d’une forme idéalisée de liberté personnelle et d’adolescente insouciance.

Quand je dis mon monde, je parle large. De Georges, mon boucher, en passant par Siham, mon esthéticienne, jusqu’à Claire, ma voisine, sans parler de ma tentaculaire bande de greluches, tous et toutes attendent avec impatience la période bénie des vacances, comptent les jours, dénombrent les heures, égrènent les minutes qui les séparent de cet îlot de bonheur fantasmé.

Et ça ne date pas d’hier, aussi loin que ma mémoire me porte, j’ai en tête mes institutrices, la proviseur de mon lycée, les copines de ma mère (ok, les névroses de l’éducation nationale…), qui tous à l’unisson soupiraient à partir du 15 juin, « vivement les vacances … » . Normal, je suis née bien après 1936 (quand même…), à une période où les droits acquis par le front populaire étaient déjà devenus les piliers d’une presque religion, celle des loisirs obnubilants du peuple de France.

Un fantasme pas que de France d’ailleurs, mes amis libanais m’exposaient la semaine dernière leur vision des vacances idéales : une île grecque, une bouteille de Dom Pérignon devant le coucher du soleil, des ortolans et des cuisses de grenouilles nourries aux truffes, et l’amour à ciel ouvert sous l’arbre de son choix. L’Eden, tout simple.

Sur ce sujet, celui des vacances je veux dire, j’ai toujours été perplexe, je le suis encore plus à cette heure ou je me dois d’écrire un post sur Les Précieuses que j’ai lâchement abandonné depuis une dizaine de jours. Je dois me ressaisir, sortir de cette torpeur qui me saisit dès les premiers kilomètres passée la barre de péage de St Arnoult-en-Yveline, la voiture archi comble de tongues, chaussures de rando, body-boards, sac de golf, et autres accessoires essentiels de la vie de plein air. En général, je m’aperçois au kilomètre 50 que j’ai oublié la base, genre mes petites culottes ou ma brosse à dents, et je rumine pendant les 700 kms restants sur la vacuité de mon esprit mis en mode vacances.

Pourquoi ce manque d’entrain, cette atonie pathologique, au moment où toute la France trépigne de bonheur ? Allez savoir, atavisme sans doute, j’avais un père qui ne levait pas la tête de ses bouquins, et qui ne pouvait pas passer plus de 3 jours au bord d’une plage sans friser la crise d’angoisse.

Mais sans rentrer dans la psy à 3 balles (dans laquelle je me suis totalement étalée dans un livre que je vais vous infliger très bientôt), disons que je me méfie comme de la peste du mirage-vacances.

Je bute sur cette idée selon laquelle l’Eden se vit pendant 5 semaines, et que le reste de la vie est un enfer, car l’enfer pour moi, c’est définitivement le concept du off. N’avoir comme objectif unique que celui de regarder passer la journée me coupe les jambes, et la perspective d’occuper 3 semaines à choisir les tomates au marché, le rosé chez Carrefour, et l’espace de sable où poser ma serviette m’est totalement débilitant. Plus d’objectif à atteindre, de pages à écrire, de bijoux à promouvoir, de problèmes à résoudre, quelle horreur !! Mon métabolisme se ralentit inexorablement, mettant mon inspiration en état de veille. J’ai bien essayé de pêcher dans les eaux de la concurrence, mais ni la valise d’été de Garance Doré, ni le maillot panthère TRIANGL de Maja Wyh, ni le délire Topic of fruit de Léandra Medine n’ont réussis à me faire sortir de ma torpeur.

D’autant que cet été, sournoisement et inexorablement, la torpeur est accompagnée par la culpabilité ou le déni. Il me suffit de regarder mon mur Facebook pour constater que mes friends se partagent en deux camps rigoureusement distincts : ceux qui postent des photos d’eux même (elles même..) dans des poses avantageusement sexy sur un paysage idyllique saturé de soleil, et ceux (celles) qui sont partis au combat partageant des articles de fond, qui sur le massacre des chrétiens d’orient, qui sur la cause des Palestiniens, qui sur la question de l’antisémitisme, qui sur la folie sanguinaire du nouveau « calife » du Levant, qui sur l’indigence chronique de notre président de la république…

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Moi ce que je ressens, c’est que ces conflits mortels et ancestraux, inexorablement réactivés, fissurent notre confort factice, et que derrière le rassurant rituel de nos congés d’étés, de la crème solaire, du barbecue et du rosé piscine, il y toujours en embuscade, la fureur humaine qui peut se déchaîner, et tout faire basculer, nous y compris, dans le chaos. Les vacances, comme la force de l’habitude, nous anesthésient de l’essentiel.

Stop, j’arrête le délire, j’ai perdu tous mes lecteurs !!! Bon sang mais comment raccrocher le wagon avec les bijoux ???

Finalement j’ai trouvé.

J’ai découvert Monique Péan.

MoniquePean2 Monique Pean1

Née à Washington DC, vit à New York, grande voyageuse, un physique amérindien, un BA de philo, sciences politiques et économie à l’université de Pennsylvanie, créatrice d’une marque de joaillerie qui utilise des fossiles uniques (ivoire de Mammouth et de Morse, os de Dinosaures) et des pierres atypiques, une inspiration qui nait des cultures ancestrales et des paysages du bout du monde. Et on the top of that, elle investit une partie de son chiffre d’affaire dans des associations humanitaires qui fournissent de l’eau potable et des installations sanitaires à des régions en voie de développement.

J’aime bien cette idée qu’on peut être une professionnelle des produits de luxe tout en se sentant une responsabilité sociale et environnementale.

J’aime bien l’idée que la création de bijoux puise dans des cultures lointaines et ancestrales.

Comme j’aime bien cette idée qu’on peut être les doigts de pied en éventail sur la plage de Bidart tout en essayant de mieux comprendre ce qui se passe au delà de notre ligne d’horizon.

Y réfléchir, sans le nier, c’est peut être le début … d’un nouvel eden !

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8 réflexions sur “Vacances, Eden ?

  1. Moi aussi j’aime bien cette idée « qu’on peut être les doigts de pied en éventail sur la plage de Bidart tout en essayant de mieux comprendre ce qui se passe au delà de notre ligne d’horizon ». Et j’aime vraiment aussi le pendentif de Monique Péan « fossile d’ivoire de morse ». Je vais creuser le sable au cas où je trouverais une merveille de ce genre, à défaut de l’acquérir chez cette créatrice. Et puis, ça m’occupera…

  2. j’adooooooooore !
    En parfaite greluche, ces posts me font toujours hurler de rire ! soit par pure compassion, ou par pure identification ! encore !

  3. Quelle belle idée de renoncer à son rêve de dent de morse monté sur poil de moustache en pendentif, et d’opter pour les splendides fossiles de Monique Péan.
    Mention spéciale pour Signature avec diamants noirs.
    Même si elle nous incite à paresser tel un morse sur son iceberg à la dérive, la torpeur aoûtienne a du bon, car ton choix de créatrice insolite et engagée est très inspirant.
    Encore !

  4. un peu venere de sentir la lassitude du mirage vacances de 5 semaines quand mon réveil sonne inexorablement tous les jours (jusqu’au 15 aout!!) pour me rappeler que mon travail m’attend… mais quelle bonne surprise de retrouver Monique Péan, je l’ai découverte à Chicago (énorme vitrine chez Barneys, bijoux tres très trendy chez les bobos riches de Chicago), mais je pensais qu’elle n’exportait pas… ou peut on trouver ces merveilles?

  5. Vacances, coquillages et sable doux pour certains et espoirs vains, violence pour d’autres, un peu de légèreté dans un monde qui nous échappe ……….. Merci pour toutes ces précieuses réflexions

  6. Bon, je ne suis pas une Greluche mais je conclurai bien avec mon Gilgamesh (-4000 ans) qui avant nous avait déjà tout compris de la vie: « Toi, plutôt, remplis-toi la panse; demeure en gaieté, jour et nuit; fais quotidiennement la fête; danse et amuse-toi, jour et nuit; accoutre-toi d’habits bien propres; lave-toi, baigne-toi; regarde tendrement ton petit qui te tient par la main, et fais le bonheur de ta femme serrée contre toi : car elle est l’unique perspective des hommes!

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