Une fille Un bijou : Chrysoline

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J’ai rencontré Chrysoline cet été, chez elle, dans son ravissant petit appartement baigné de lumière, perché sur les toits du 9ème ardt de Paris, alors qu’elle était enceinte de son deuxième enfant, proche du dénouement, et pourtant ravissante, bonne mine, pimpante dans sa jolie robe en jean Balzac Paris.

C’est son agence de presse qui est venue vers moi car je cherche toujours des filles pour parler de leur vie, de leur job et de leurs bijoux.

D’ailleurs j’en profite pour faire un appel à  témoin : toute girl qui a envie de me raconter son histoire et ses attachements précieux est la bienvenue ! Le casting est ouvert, je cherche des jeunes ou des moins jeunes, des riches ou des moins riches, des petites ou des grandes, des fashion-addicts ou des fashion-fachées, des parisiennes ou des broussardes de notre vaste France… du moment que vous avez une histoire à me raconter, sur vous et votre (vos) bijou(x), ça me branche.

Donc Chrysoline…

Avant de la rencontrer, j’ai fait mon habituelle enquête web, et j’ai trouvé qu’il y avait un paradoxe : pour une fille qui a basé tout son business sur le web (la marque de vêtements à l’inspiration littéraire Balzac Paris n’est vendue qu’en ligne), son image est très peu présente sur la toile, juste quelques photos piquées lors d’interviews de blogueuses.

Seulement une photo de groupe avec ses associés sur le site, et rien du tout sur son instagram pro, où de jolies mannequins au look de girls next door sont les actrices d’une pièce qui se joue dans Paris.

instabalzacparisElles sont habillées (of course) par Balzac Paris dans un style que je qualifierais de « preppy classique » : un peu mode mais pas trop, un peu sage mais pas trop, et surtout facile, accessible, et tout à fait désirable pour une cible de jeune femme pressée qui veut s’habiller à la fois cool, chic, et pas trop cher.

Donc Chrysoline est un peu particulière, les rares photos que je vois d’elle me donnent l’image d’une jeune femme rangée au look adolescent, et les articles me confirment cette impression : à 30 ans, elle a déjà un enfant (bientôt 2), un mari, sa propre société, et 55 K followers sur insta, mais elle reste pourtant très discrète.

Après des échanges avec son agence de presse, elle m’a donné rendez vous chez elle dans le 9ème, et m’a demandé dans son mail quel serait le déroulé de l’interview.

Ça m’a fait bizarre, car je n’ai pas du tout de déroulé d’interview, vu que je ne suis pas journaliste, et que quand je rencontre quelqu’un je m’y intéresse, comme s’il ou elle était un copain / une copine potentiel(le). Si je faisais des interviews ça se saurait, je serais déjà journaliste au Monde ou au Figaro (enfin soit l’un soit l’autre, les 2 étant assez incompatibles !), ce qui n’est pas le cas. Donc je vous le dis à vous les prochaines que je vais rencontrer, je fais tout à l’arrache et à l’instinct, je n’ai pas de déroulé, ni de plan, ce qui ne m’empêche pas d’avoir une bonne écoute, et de faire un portrait avec mon prisme très personnel, fait de ressentis plus que de facts & figures

Donc en ce jour de juillet, j’arrive rue Blanche ou je retrouve Sarah ma photographe préférée, comme d’habitude je suis en retard, on monte vite-vite, Chrysoline nous accueille, on s’exclame sur la clarté des lieux, sur le soleil qui tape sur les toits de Paris, sur le blanc immaculé qui domine dans cet appartement où tout est simple, gai, ordonné, très zen, le parfait appartement dont on rêve quand on s’installe à Paris en amoureux. « Un peu petit »,commente Chrysoline, « surtout avec le deuxième qui arrive, mais on aime tellement cet endroit. »

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On a pris place sur les jolis canapés blancs, j’ai pris mon cahier, Sarah son appareil et c’est parti.

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Chrysoline fait partie de cette génération qui a fait tout le contraire de la mienne.

Elle a monté sa boite très jeune, quasi à la sortie de ses études.

De mon temps, on commençait par la grosse boite qui faisait reluire le CV, genre Procter & Gamble, Danone, ou l’Oréal. On se faisait les dents et on souffrait dans des structures matricielles infernales. On passait des heures en réunion, on se faisait traiter de junior, on avait des évaluations chaque années, on portait l’uniforme tailleur strict-escarpins, on ramait, mais on était des femmes libérées. Et puis un jour, et ce jour est venu pour beaucoup, on pétait un boulon, et on partait pour une autre vie.

Chrysoline m’explique que pour elle, tout est venu comme ça, au gré des opportunités. Elle est d’une famille de 5 filles, comme sa sœur est super douée en couture, elle lui demande de réaliser des nœuds papillons sur mesure pour que ses copains se la joue Dandy dans les mariages, ça marche, ils commercialisent le truc, Balzac Paris, c’est parti. On est en 2011, la marque de vêtements à l’inspiration littéraire est née.

Elle s’associe avec l’homme de sa vie et un copain.

De mon temps, on évitait, ça craignait de mélanger le privé et le pro, ça faisait référence aux couples tradis, le docteur et la doctoresse, le boulanger et la boulangère, le roi et la reine, et j’en passe, bref de mon temps, on compartimentait à mort.

Chrysoline travaille avec Victorien son mari, et Charles, un ami. Les deux garçons se sont investis dans la marque quand l’affaire a démarré, chacun a son territoire, la création pour Chrysoline, le digital et le commercial pour les 2 autres, cette histoire marche comme sur des roulettes, sans crispation ni overdose, je dis chapeau. Moi à qui on a appris pendant mes débuts professionnels qu’il fallait tout séparer, tout cloisonner, tout réfréner, et que les gens avec qui on bossait devait vous connaître le moins possible, par sécurité et pour une efficacité renforcée, je suis bluffée.

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Elle a créé son business uniquement sur le web.

De mon temps, on ne connaissait pas le net, on connaissait  à peine les ordinateurs, on avait des pools de secrétaires qui tapaient nos courriers à grand bruit de cliquetis. Quand on n’avait pas la chance d’habiter à Paris pour faire les boutiques, on faisait son shopping mode à la Redoute ou aux 3 Suisses, en remplissant un bon de commande au crayon et à la gomme, qu’on envoyait sous enveloppe timbrée accompagné d’un chèque. Puis on recevait 3 semaines après un colis… , enfin on ne le recevait pas en réalité parce qu’on n’était jamais à la maison à 15h, alors on faisait 2h de queue à la poste le samedi pour pour le récupérer, et ça finissait en général par un pugilat dans la queue ou une rébellion contre la préposée de la poste pour cette attente scandaleuse. Et ce système de vente génial ultra pratique et convivial, ça s’appelait la VPC. Bref le shopping c’était ça ou la virée à Paris le week end. ça vous rappelle des trucs les filles ?

Chrysoline et ses associés sont des pionniers, comme Emilie de Thea Jewelry dont je vous ai parlé dans mon dernier post, comme netaporter.com, comme Sezane son principal concurrent, comme tous ces sites en pure player qui se sont lancés dans le commerce sans boutique, sans stock, et sans communication classique, avec juste la force du web et des réseaux sociaux.

Après les nœuds papillons inspirés par les dandys Balzaciens, ils ont lancé des « sweets littéraires » siglés au nom de couples d’écrivains parce qu’ils sont passionnés de littérature.

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Les sweets ont tellement bien marché qu’ils font partie maintenant des « indispensables » de la marque.

Puis ils ont compris qu’avec le net ils pouvaient commercialiser des collections courtes, éphémères, renouvelées tous les mois, leur permettant ainsi de toucher une clientèle jeune, exigente sur le rapport qualité-prix, branchée sur les réseaux sociaux, et friande de nouveauté.

Ce système marche depuis maintenant deux ans, avec un mécanisme d’optimisation permanente.

Elle échange en permanence avec ses clientes.

De mon temps, quand on faisait du marketing, on se demandait toujours comment étaient perçus nos produits et qui les achetait, le client était un concept abstrait, abscons, imprévisible, fantasque et vaguement inquiétant. Du coup on passait notre temps à faire des études de marché. Il fallait constituer des échantillons représentatifs, faire des questionnaires, payer un cabinet d’étude, c’était long, couteux et fastidieux, et au final, on ne savait pas toujours quoi sortir des résultats de l’étude. C’était source de conflit entre le service marketing (qui défendait ses produits) et le service étude (qui défendait son étude), on finissait par s’engueuler, et finalement on changeait rien au produit, trop risqué !

Chrysoline m’explique que ce qui est génial avec le net, c’est que si un truc marche elle le sait tout de suite, et elle peut le reproduire facilement. A l’inverse, si un truc ne marche pas, ce n’est pas très grave car les stocks sont peu élevés, et soit, elle adapte à l’aide des commentaires des clientes, soit elle abandonne. Elle me précise que 3 personnes sont dédiées à l’interface avec la clientèle, et que c’est là le nerf de la guerre. Les clientes adorent donner leur avis, elles se sentent valorisées, elles font partie de l’histoire, de la famille, c’est du pain béni ! La clé de leur succès, c’est aussi leur réactivité par rapport à leur communauté.

Elle fait des enfants tout en travaillant. Et son travail est aussi sa famille.

De mon temps, on faisait des enfants, on prenait un congé de maternité, et comme le boulot était éreintant, on essayait de tirer sur la corde pour avoir un peu de répit avant de repartir dans la bataille (bon moi j’étais salariée…). Et puis quand on revenait au boulot, on reprenait son casque à pointe et sa baïonnette, on parlait jamais de ses enfants au bureau (déplacé), on oubliait presque qu’on en avait, et c’était reparti comme en 40. Le boulot n’était pas une famille mais un champ de bataille, on cloisonnait je vous dis.

Chrysoline m’a raconté ses longues journées, et de ses heures supp en soirée, mais aussi de sa fille, du temps qu’elle lui accorde, et de son organisation militaire pour jongler avec ses deux familles qui se mélangent et s’accordent, sa vie et sa marque. Il n’y a pas de frontière clairement tracée, mais elle semble parfaitement sereine, et me parle de ses séjours dans sa famille à Lille, de ses vacances, même si cet été c’était rappé pour cause de bébé. Sa famille est sa vie et son boulot est sa famille.

Pour raconter Chrysoline, j’ai bien aimé comparer deux époques à la fois proches et pourtant si différentes, le web a tout révolutionné.

Et les bijoux la dedans ????

Et bien coté bijoux, Chrysoline est l’incarnation d’un classicisme sage et discret et là je dirais rien n’a changé,  j’étais comme ça à son âge,

Elle fait partie des filles qui portent un bijou pour ne plus l’enlever pendant des lustres, elle l’aime pour la vie, déteste accessoiriser, trop compliqué, elle a déjà trop de choses à gérer, elle reste fidèle à ses best off !

Elle porte son alliance et sa bague de fiançailles, un joli diamant serti sur or blanc, une montre Poiray en or ose, et à l’autre main, pour faire swinguer ses classiques une bague argent gravée ethnique à coté des anneaux cartier 3 ors en pinky ring.

Ses amis lui ont offert pour ses 30 ans une médaille en or de chez Feidt ornée de diamants bruns qui fait très vintage, et aux oreilles, elles porte de ravissants petits studds de Stone.

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Les seules fantaisies sont à son poignet, une accumulation de liens fins, cordons et gris-gris faciles qu’elle garde jusqu’à ce que ça casse ou qu’elle en aime un nouveau, des trucs légers.

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Pour l’avenir elle rêve d’un grand classique, le célèbre bracelet Love de Cartier, c’est sûr, elle le portera un jour !

Et alors que je m’apprête à remballer, elle me dit soudain, comme si elle avait oublié un élément clé :  » Au fait, en septembre, on sort une ligne de bijoux chez Balzac Paris. D’ailleurs, je porte le proto de la gourmette avec le petit cœur ! « 

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Alors oui, évidemment, la marque offre depuis la rentrée de jolis bijoux fins en plaqués or qui se marient parfaitement avec les looks intemporels de la marque Balzac Paris. De jolis basiques faciles à mixer, à l’image de Chrysoline, ni trop modes, ni trop simples.

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Je suis partie de son joli nid parisien en me disant que le web était un eldorado, et que ses premiers pionniers ressemblent à ceux qui jadis ont conquis le Far West : intuitifs, courageux, visionnaires, et surtout, et surtout, capables de se construire une vie meilleure, à leur échelle, à leur image, une vie qu’il ne devront qu’à eux même.

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Depuis ce mois de Juillet, Chrysoline a eu son bébé, et moi ça m’a donné plein d’idées… Je vous en parlerai.

Et pour conclure, quoi mieux que cette belle phrase signature des mails de Chrysoline ?

« Il faut toujours bien faire ce qu’on fait, même une folie ». Honoré de Balzac

Photos Sarah Clavelly

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7 réflexions sur “Une fille Un bijou : Chrysoline

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  4. Bonsoir,
    Je viens de découvrir votre blog et j’avoue que je suis bluffée par cet article. Étant dans la communication moi-même, ce savant mélange entre la vision « classique » et la vision « récente » des choses est vraiment bien sentie. C’est quelque chose qu’on peut beaucoup ressentir même durant les études : certains profs poussent à entreprendre (mais encore trop peu), et la plupart poussent à trouver « une bonne place » 😉 Ce qui fait que certains jeunes diplômés ne savent plus à quel saint se vouer : entreprendre est souvent décrit comme très risqué, et se mettre en tant qu’employé, c’est accepter d’entrer dans une logique… un peu envahissante parfois. Bref, bravo pour votre vision des choses. Quant à l’aspect sur les bijoux, j’aime beaucoup aussi les découvertes proposées dans ces pages. Je reviendrai 🙂

  5. Bonjour Sylvie,

    En tant que fan de bijoux-collectionneuse, j’aime beaucoup découvrir la boite à bijoux d’autres femmes, inconnues ou moins anonymes, et les histoires qui se cachent derrière chaque pièce.
    Ce serait chouette de développer davantage cet aspect de votre blog en faisant plus d’interviews.

    Merci et bravo pour votre blog qui est une bulle de plaisir,
    Laetitia

    • Merci pour votre message Laetitia ! J’adore effectivement rencontrer une personne au travers de ses bijoux, c’est une porte ouverte sur sa vie ! Le temps me manque, malheureusement, mais je vais écouter votre conseil !

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