VEVER, Chronique d’une renaissance

Il y a une différence entre relancer une marque et la faire renaitre, une différence considérable.

Relancer une marque, c’est lui faire retrouver la désirabilité qu’elle a perdue.

C’est difficile mais faisable, le plus bel exemple en la matière reste celui de Louis Vuitton, sauvé in extremis de l’oubli dans les années 90 par Bernard Arnaud, aujourd’hui fleuron du groupe LVMH.

Alors que dire d’une renaissance ? C’est un challenge qui se situe au-delà du raisonnable.

La marque a disparu, elle a été rayée des registres, elle n’a plus d’existence physique, plus de chiffre d’affaire, plus de lieu symbolique, plus de mémoire vivante. C’était le cas de la marque de joaillerie VEVER. Oubliée du grand public, sa trace ne persistait que dans les anthologies de joaillerie de l’Art Nouveau et dans le cœur d’une jeune femme, celui de Camille Vever. Et c’est là qu’on touche au merveilleux, voir au mystique, parce ce que même si les anges de la finance lui tiennent la main, faire renaitre une marque disparue depuis déjà 40 ans, ça tient du miracle.

J’étais tombée sur VEVER en novembre dernier en cherchant les nouveaux joailliers utilisant des diamants éthiques, et j’avais été captée par l’audace de leur communication.

Un nom qui sonne comme une victoire, un décor blanc de galerie d’art, une aura d’un bleu céruléen, et trois collections ultra désirables tout droit sorties d’un jardin enchanté.  A la lecture de l’histoire, deux dates m’avaient frappées, 1821 – 2021. Cette marque dont je n’avais jamais entendu parler avait donc deux siècles et était née rue de la Paix à deux pas de chez Mellerio.

L’œil blasé du Colombo du bijou que je suis s’est réveillée d’une longue léthargie. Depuis longtemps, rien d’aussi étonnant n’avait attiré mon attention. J’ai pris mon téléphone et j’ai appelé Camille Vever, représentante de la 7ème génération du fondateur de la marque et à l’origine de sa renaissance avec son frère jumeau Damien Vever.

La rencontre ne pouvait se faire sans Sandrine De Laage, la talentueuse directrice artistique de la marque. Le rendez-vous a été pris un jeudi, parce que le reste du temps, Sandrine vit au vert, au milieu de son jardin enchanté.

Le jour J, arrivée au 9 rue de la Paix, je ne réalise pas que je suis en face de l’ancienne boutique VEVER aujourd’hui disparue. L’immeuble est historique mais l’ascenseur futuriste, j’appuie sur le bouton du 9ème étage. Une fois passé le sas de sécurité, je pénètre dans le showroom de la toute jeune marque, un doux cocon bleu qui flotte dans un ciel parisien du même ton. Je suis happée par le balcon qui domine les toits de Paris et la colonne Vendôme, une enseigne VEVER trône comme l’étendard d’un lieu reconquis de haute lutte, la symbolique est là.

Camille Vever vient de sortir de son bureau pour m’accueillir dans le salon feutré inondé de lumière. Brune et vive, longue robe bohême et visage au naturel, elle s’excuse auprès de ma photographe Delphine de ne pas être passée par la case coiffure-make-up. Pas grave, la lumière c’est mieux qu’un maquillage ! Camille est une jeune femme pressée, à l’évidence, la renaissance d’une marque n’est pas une sinécure.

Elle me présente Sandrine de Laage qui vient juste d’arriver, je reconnais immédiatement cette longue silhouette, ce look androgyne et ce regard bleu-gris, je suis son Instagram créé en 2015 autour de sa marque éponyme. Elle aussi rigole en s’excusant du no-make-up-pas-le-temps, à coté avec mon eye-liner cuivre et ma jupe en soie assortie, j’ai l’impression d’être une poupée Barbie. Nous nous installons toutes les trois dans ce cocon bleuté, l’histoire de la renaissance de VEVER peut commencer.

Elle me raconte qu’en 1982, quand son grand-père ferme les portes de la marque VEVER, elle a trois ans, cet évènement ne lui laisse aucun souvenir.  Ce n’est que quelques années plus tard, quand sa grand-mère lui offre pour son anniversaire un bijou dans un écrin VEVER siglé à son nom que le lien se renoue. Le symbole de la transmission l’a touchée au cœur, une petite voix ne la quittera plus et l’accompagnera à chaque étape de sa vie. Désormais, elle ne rêvera que d’une chose, recréer du vivant autour de la marque de ses ancêtres pour l’inscrire dans l’histoire.

Mais si Camille rêve du firmament de la joaillerie française, elle suit un parcours qui ne la prédestine pas directement à ce vœux d’enfant.

C’est quand elle me parle de ses études qu’on réalise toutes les trois qu’on a fait l’université Paris- Dauphine à des époques différentes, bien sûr je suis la doyenne du trio ! Camille m’explique qu’elle a choisi la finance, puis qu’elle a fait ses premières armes dans les fusions-acquisitions, avant d’être nommée directrice générale d’une société de recherche clinique. Je commence à la regarder d’un autre œil, mon CV à coté c’est de la guimauve, à moins de 40 ans, Camille a déjà une prouesse à son actif :

« Je suis parvenue à redresser une société qui avait des difficultés dans un domaine scientifique dans lequel je ne connaissais absolument rien. Je dirigeais des experts, des gens beaucoup plus compétents que moi dans leur spécialité ».

Ce premier succès est riche d’enseignements, mais surtout la galvanise et dézingue le syndrome d’imposture qui la paralysait depuis trop longtemps.  Elle se sent enfin capable de lever le challenge qu’elle s’est lancée petite fille, faire revivre la maison de joaillerie Vever.

« J’ai réalisé à ce moment que le secret pour que ça  fonctionne, s’est de savoir s’entourer des meilleurs dans leur domaine ».

Elle fait de cette conviction son mantra. C’est exactement ce qu’apprend la finance, la conscience de la complexité, la valeur des compétences, la force de l’union, les leviers du succès. Dans mon domaine du marketing, on est tout de suite dans la tâche, dans le faire, dans le tourbillon de l’action, mon talon d’Achille… Quand moi je mets direct les mains dans le cambouis, Camille, elle, joue la carte du recul, observe, analyse, calcule, planifie.

On est en 2019, le déclic a lieu, mais par où commencer ? Camille ne connait toujours rien au monde de la joaillerie. Pragmatique, elle se tourne vers l’Académie des Métiers d’Art qui propose un incubateur pour les personnes porteuses d’un projet. Son but ? Construire son business model et nouer des contacts avec des experts. Et là c’est bingo !

L’engagement de Camille dans le domaine éco-responsable est total. Elle m’explique que c’est là qu’elle rencontre Coralie de Fontenay, l’ancienne directrice générale de Cartier France vient juste de monter la structure LuxImpact  avec Frédéric De Narp, lui-même ancien CEO de Cartier et Harry Winston. Ils ont exactement la même vision que Camille sur la joaillerie de demain, l’affaire est conclue, Camille a trouvé ses experts et LuxImpact sa première marque mythique à relancer.

Frédéric parle de Sandrine de Laage à Camille, elle est, selon lui, la meilleure pour prendre la direction artistique de la marque. A ce moment de l’entretien, Camille se tourne vers Sandrine qui nous écoute silencieusement :

« J’ai une chance inouïe d’avoir croisé le chemin de Sandrine, sans son talent, je n’aurais pas pu redonner vie à la marque ! »

L’union fait la force, la vision de Camille se cristallise dans cette rencontre providentielle. Je demande à Sandrine de me raconter comment l’aventure a commencé pour elle.

Elle m’explique que si elle aussi a fait Dauphine, c’est par injonction parentale, elle a tout de suite enchainé sur une école de design industriel, son rêve depuis toujours. Comme tous les grands, Sandrine De Laage est d’une sidérante modestie, c’est avec la plus grande simplicité qu’elle me raconte que de Paris à New York, elle a été la directrice artistique de Cartier puis de Harry Winston, avant de changer de vie il y a 6 ans.

« Je suis partie vivre à LA pour être plus proche de la nature, j’ai été influencée par mes enfants, leur engagement pour l’écologie a eu un réel impact sur leur choix de vie, et sur la mienne aussi. »

Elle monte là-bas sa propre marque éponyme, continue de dessiner en freelance des collections pour de grandes maisons de joaillerie, notamment De Beers, mais ce virage radical l’amène à se poser des questions sur le sens que prend le luxe dans sa vie. Elle s’intéresse aux aspects éthiques de la joaillerie et se pose même la question d’utiliser pour sa propre marque des diamants de laboratoire dont elle vient d’entendre parler pour la première fois au salon COUTURE de Las Vegas. Elle qui a fait toute sa vie la promotion des diamants de mine est immédiatement convaincue que cette innovation est l’avenir de la joaillerie. Mais on est en 2015, c’est encore trop tôt, le marché démarre à peine et ce type de produit est difficile d’accès, elle renonce tout en continuant d’observer l’évolution du marché.

En 2019,  quand Frédéric De Narp, son ancien CEO de Harry Winston, l’appelle en lui demandant si elle connait la marque VEVER, elle lui répond « Oui évidemment ! ». Dans les écoles de joaillerie, qui ne connait pas Henri Vever, le maitre de Lalique ? Mais c’est quand Frédéric lui parle du futur modèle que son attention accroche :

A ce souvenir, Sandrine s’anime, les yeux brillent et les mains dansent. Si Camille portait déjà la marque dans son cœur, celui de Sandrine y est venu par son approche éthique. Enthousiaste, elle s’exclame :

« Le luxe aujourd’hui, c’est notre planète, c’est respirer l’air pur, ce sont les matières qu’on utilise, c’est la façon dont on est capable de les traiter dans un atelier, c’est le génie humain ! Et c’est aussi ça qu’offre le diamant créé par l’homme ! ».

Mais avant de s’engager, elle demande quand même à Frédéric De Narp de lui laisser le temps de se plonger dans les archives de VEVER. Ce voyage dans le passé qui la propulse à l’âge d’or de la marque se révèle totalement jubilatoire. Elle découvre avec passion un trésor né dans la période prolifique de l’Art Nouveau. Sa décision est prise, elle rentre en France, elle fera partie de l’aventure VEVER.

Sandrine me raconte que quand elle débarque en France début 2020, c’est le début de la pandémie Covid. Confinée en Corse quand Camille est en Normandie, elles ne se sont toujours pas rencontrées. Elles échangent en visio, Sandrine est tombée amoureuse de l’univers de VEVER, elle a déjà commencé à se raconter une histoire, elle envoie ses premiers dessins à Camille :

« Quand j’ai vu les premiers dessins de Sandrine – dit Camille, j’ai éprouvé une grande émotion, j’ai tout de suite pensé à Paul et Henri Vever, les deux hommes phares de la maison. Et je me suis dit que si ils avaient été là aujourd’hui, ils auraient été heureux de s’entourer de quelqu’un comme Sandrine ! ».

 Ses dessins ont parlé pour Sandrine, Camille est convaincue d’avoir trouvé la meilleure directrice Artistique pour le VEVER de demain. Dans ce choix décisif, sa conviction de marcher sur les traces de ses aïeux est clé :

« Henri Vever s’est toujours entouré des plus grands dans leur domaine, le maitre verrier René Lalique, l’affichiste Eugène Grasset, le joaillier Frédéric Boucheron. Au début du 20ème siècle, il avait déjà inventé le concept de la collab ! ».

Je me tourne vers Sandrine, comment a-t-elle travaillé sur ces nouvelles collections ? Les motifs figuratifs de l’Art Nouveau me semblent assez loin de sa patte personnelle qui signe des formes sobres, modernes et mixtes, comme la fameuse bague Boyfriend qu’elle porte à son doigt. Sa réponse fuse :

« L’idée avec Vever, ce n’était pas de faire de l’Art Nouveau ! Surtout pas ! J’ai été habitée par le monde de VEVER d’il y a un siècle, mais toutes ces images de femmes lumineuses, de couleurs, de nature mystérieuses et de matières m’ont emmenées non pas dans un présent, mais dans un futur ! »

Je comprends que le travail de Sandrine est celui du conteur. Elle s’empare de l’histoire des marques comme le biographe s’empare de la vie de son personnage. Mais l’histoire qu’elle raconte et qu’elle met en image est la sienne. L’exquise fleur de Ginko, les lianes enveloppantes d’Elixir et la Déesse de la pluie sont le fruit de ce périlleux exercice de transposition.  

Je suis impressionnée, mais comment a-t-elle donc fait pour tirer le bon fil créatif dans cet univers foisonnant ?

Honnêtement, cette phrase résonne tellement en moi que je suis à deux doigts d’embrasser Sandrine !

Camille aussi d’ailleurs, mais elle exprime son admiration à sa façon, avec sincérité, élégance et retenue :

« Oui, c’est un honneur pour moi de travailler avec Sandrine… »

Un fois l’histoire écrite et surtout dessinée, Camille m’explique qu’elle a repris son rôle de chef d’Orchestre.La mise en valeur du savoir-faire français est évidemment dans les gènes de la marque, elle choisit deux ateliers parisiens pour fabriquer les collections Joaillerie et Haute Joaillerie, les meilleurs, évidemment.Les choses s’enchainent avec une rapidité déconcertante, un an de développement suffit, moitié moins que dans les plannings des grandes maisons.

Sandrine me raconte qu’elle jubile de sa nouvelle liberté, elle poursuit son travail exploratoire, les techniques d’hier sont revisitées, notamment l’utilisation de l’émail appliqué à jour né dans la période Art-Nouveau. Elle le développe sur des formes courbes qui magnifient la transparence de l’émail, une nouvelle prouesse de l’atelier et de l’émailleuse Sandrine Tessier, une autre experte qui a le titre prestigieux de Meilleur Ouvrier de France, évidemment.

L’audace qui a guidé Henri Vever en son temps propulse Camille et Sandrine vers de nouveaux horizons.

«Moi ce que j’aime dans l’Art Nouveau – me dit Camille, ce sont ces deux mots, Art et Nouveau. Pour nous la joaillerie c’est de l’art. Derrière un bijou, il y a au moins 10 personnes qui ont travaillé, c’est une intention noble, l’expression du génie humain.»

Retrouver la technique oubliée de l’émail appliqué à jour et la faire évoluer, associer des diamants de laboratoire à ce matériau ressurgi du passé, proposer une joaillerie différente qui se portera demain, veiller à ce que chaque geste procède d’une démarche éco-responsable, toute l’audace de VEVER tient dans ce manifeste de la marque écrit par Camille et dessiné par Sandrine.

Les nouvelles collections VEVER sont sorties en juin 2021, deux siècles exactement après la création de la marque par l’aïeul de Camille, Pierre-Paul Vever. Le carnet à dessin de Sandrine est dans les mains des artisans qui travaillent sur les nouveaux modèles et les première clientes des bijoux Vever sont déjà là. Des passionnées de joaillerie à l’affut de créations singulières, ou des milléniums soucieux d’investir dans un bijou éco-responsable, comme cette jeune femme qui vient d’entrer dans le show-room et qui cherche sa bague de fiançailles.

Pendant que Sandrine tire sa révérence pour voler vers un autre rendez-vous et que j’essaye la fleur de Ginko et tous les bijoux de la ligne Elixir, Camille m’explique que son prochain challenge est la notoriété de la marque qu’elle développe sur plusieurs plans.

Une prestigieuse vitrine au Printemps de la joaillerie, la sélection de lieux d’exception à l’international, l’expansion digitale, et le buzz créé par les amies de la maison. La top modèle Constance Jablonski, la décoratrice Laurence Simoncini, l’écrivain Sylvie Ohayon, et la business angel Pauline Duval font partie de la dream team VEVER, un club de femmes inspirantes à faire pâlir d’envie les magnats du luxe français.

Le pari de Camille est gagné, la vie est revenue sous l’enseigne historique de la rue de la Paix. J’ai failli repartir du cocon bleu céruléen avec la boucle Elixir à mon oreille, parce que si je ne suis pas Constance Jablonski, son éclat magique m’a donné l’illusion de participer un peu à cette renaissance écrite à plusieurs mains.

Et si c’était vrai ? Après tout, un des manifestes de la marque c’est « La magie sans l’illusion »…  Alors en toute modestie et avec jubilation, je rejoins la dream team VEVER, car si cette renaissance miraculeuse devient un mythe de demain, c’est parce que chacun-e de nous peut la raconter !

Photos Delphine Jouandeau

Texte Sylvie Arkoun

Les mots de Stéphanie Bonvicini

La frivolité et la gravité sont deux pôles entre lesquels j’oscille comme une girouette. Intensément frivole et farouchement grave mais jamais durablement, cette perpétuelle oscillation m’empêche de me spécialiser dans un des pôles, ce qui me classe dans un genre hybride, le tragi-comique.

Les personnes qui ont choisi d’habiter l’un des deux pôles et qui y tiennent leur place avec brio me bluffent, elles me font l’effet d’être des expertes d’un registre dans lequel je ne resterai à jamais qu’une dilettante.

Stéphanie Bonvicini fait partie de celles  qui ont choisi leur camps, car si son insatiable curiosité l’a conduite du journalisme à l’écriture puis à la sculpture, elle a tout entrepris avec intensité, détermination et gravité. Son CV est long comme le bras, elle a déjà vécu 7 vies, et elle est douée d’une agilité remarquable pour rebondir sur sa passion première que sont les mots, ceux qu’elle a échangés dans ses interviews, ceux qu’elle a écrits dans ses livres, ou ceux qu’elle sculpte maintenant sur ses plaques en céramique. Lire la suite

Raconte Moi ! Nadia Azoug, fondatrice de Monsieur Paris

Nadia Azoug, c’était ma voisine de la rue Charlot, cette jolie rue du haut-Marais de Paris qu’elle appelle la rue Gama. Si vous êtes de la génération Culture Pub, vous connaissez forcément la rue Gama, sinon suivez le guide, la visite c’est par là !  

La rue Gama c’est la rue fantasmée de toutes les villes de France, la rue où l’on se love comme dans une grande famille, où on envoie la bise à son voisin en ouvrant ses volets le matin, où on vit, aime, travaille et danse au son de l’accordéon. Son boucher et son garagiste tout tachés, leur épouse épanouie au premier étage qui lance les machines en chantant, la jolie blonde qui danse dans sa robe blanche immaculée… c’était la rue Charlot à Paris il y a 15 ans, et encore un peu aujourd’hui.

C’est là que Nadia a ouvert sa jolie boutique-atelier en 2009, peu ou prou au moment où moi-même je quittais la mienne presque en face… C’est dire si en ce début d’année, le chemin me ramène dans des lieux familiers. La marque de joaillerie fine Monsieur est née rue Charlot, a grandi rue Charlot et s’est ancrée rue Charlot ; Et cette unicité de lieu, cette simplicité revendiquée et cette authenticité évidente, c’est sa signature. Parce que Monsieur est à l’image de sa fondatrice Nadia, une marque de joaillerie accessible, simple, authentique, éthique,  locale, artisanale et surtout, hyper attachante. Quand son bras droit Coralie m’a contactée pour venir découvrir la nouvelle décoration de la boutique rue Charlot, j’ai répondu présente illico. Lire la suite

Caroline De Benoist, La folie des couleurs !

Parler de la vie des autres, c’est aussi parler de la sienne. Dans le miroir que me tend mon invitée j’y vois double, nos similitudes et nos différences jouent une partie de ping-pong vivifiante, j’en ressors toujours revigorée.

Avec Caroline de Benoist, les images jumelles de nos parcours sont foison. Les bijoux évidemment, l’amour de l’artisanat sans aucun doute, le coup de foudre (purement mystique évidemment…) pour les beaux indiens de Jaïpur ça va sans dire, les études cerveau gauche et un début de carrière dans des grosses boites internationales s’est certain.

Quand je l’ai vue apparaitre sur Instagram il y a 3 ans, j’ai bien remarqué qu’elle marchait sur mes pas, alors un peu peste-ouille je me suis dit – tiens encore une qui va faire ses bijoux à Jaïpur… et puis j’ai zappé.

Je ne me doutais pas qu’elle irait si-vite si-loin et que les bijoux aux pierres multicolores de ses débuts n’étaient que les prémices d’un univers lifestyle luxuriant, si désirable qu’il déclenche des épisodes de frénésie d’achat collectif.

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Delphine Arbo-Pariente, jeux de cache-cache avec un écrivain

Delphine Arbo-Pariente. Ce nom que je voyais apparaitre sur l’écran avait une résonance familière. C’était en novembre dernier, j’étais connectée sur le compte Instagram de mon amie Cécile Ladjali quand je suis tombée sur un message de Delphine. C’est comme ça que tout a commencé.

Flash back. L’admiration c’est pour moi le carburant de l’amour et de l’amitié mais surtout du mouvement ascendant. Admirer, c’est rêver d’être aux côtés de ceux qui sont tout là-haut, un booster salutaire pour avancer sur un chemin escarpé.

Il y en a qui admirent la réussite sociale, le pouvoir ou la notoriété, d’autres les gourous du style, d’autres encore les champions. Mon mari par exemple, a mis sur la bibliothèque à coté de notre photo de mariage une photo de lui avec Federer, objet de sa dévotion tennistique, c’est dire… Moi, mes dieux de l’Olympe, ce sont les écrivains. J’aurais rêvé de poser sur une photo à coté de Jane Austen et George Sand, hélas, elles ne sont plus là. Lire la suite

Precious Room by Muriel Piaser

Dans la vie, tout est affaire de point de vue.

En montagne, le paysage n’est pas le même à la descente qu’à la montée. En montant on regarde ses pieds, en descendant on admire l’immensité de ce qu’on a parcouru, et c’est de ce contraste que nait l’intensité.

Toute proportion gardée, c’est ce que j’ai ressenti la semaine dernière quand j’ai visité Precious Room, la journée évènement pendant laquelle Muriel Piaser, la célèbre organisatrice de salon de mode et de joaillerie, expose de jeunes créateurs de Fine Jewelry ; Pendant des années, j’étais derrière la vitrine pour exposer des bijoux, et maintenant je suis devant, et ça change tout. Lire la suite

Isabelle, le femme qui murmurait à l’oreille des designers & des artisans

La première fois qu’on m’a parlé d’Isabelle Dubern- Mallevays, c’était il y a un an. J’ai regardé le compte de The Invisible collection, et j’ai répondu  :

Pas pour moi !

– Mais pourquoi ? s’était étonnée Delphine.

Trop design, trop luxe, trop pointu, avais-je rétorqué.

Puis en décembre dernier, quand Vincent, mon attaché de presse préféré m’a appelé et m’a dit de ce ton sans appel– « Tu dois ab-so-lu-ment faire le portrait d’Isabelle », j’ai buggé.

Je n’y connais rien en art, ni en design, même si j’ai raconté Amélie maison d’art et la galerie Ailleurs dans les Précieuses, mais leurs univers m’étaient plus familiers. Pour le reste, je suis une ignare et sortir de ma compétence, la joaillerie, pour mettre le pied dans une autre constellation de l’univers du luxe, quelle imposture ! Mais Vincent ne m’a pas donné le choix, – « Rendez-vous demain à 15h à l’hôtel Château Voltaire, je compte sur toi  » et il a tout bonnement raccroché, Vincent est un terroriste des RP.

Le lendemain, j’avais parcouru le site The Invisible Collection, et j’étais encore plus stressée. En 6 ans, Isabelle et ses associées, Anna Zaoui, la co-fondatrice, et Lili Froehlicher, leur jeune Général Manager ont construit un site luxueux qui édite du mobilier de designers et d’artisans.

Une sélection ultra pointue, une image inspirante, une offre solide et des valeurs clés, exigence, écologie, passion, culture et société. The Invisible Collection est au mobilier ce que net-a-porter est à la mode et la joaillerie depuis deux décennies, un site marchand qui dément que l’intimité du luxe serait incompatible avec le digital, autant dire une prouesse.

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2022, une page blanche

En 2022, adieu les miasmes, et vive l’enthousiasme !

La passé s’efface, l’année commence par une page blanche, un mouvement, un élan.

Les Précieuses ont fait un cycle de 7 ans, 7 ans de bijoux, de rencontres et de créations, je les prends aujourd’hui par la main avec l’envie d’élargir l’horizon.

Les bijoux resteront le fil conducteur que je tisse avec les créateurs, l’objet le plus intime et le plus vivant de la création. Ils mettent en scène une relation triangulaire, la personne qui les créé, la personne qui les porte, et la personne qui les admire. Inverse à l’éphémère, ils peuvent durer des siècles, se transmettre, et renaitre. Ils sont la métaphore des cycles de vie.

Je me suis rendue compte, au fil du temps, que partout où il y a de la création, se cache une aventure.
Ma curiosité me pousse au delà du bijou, art, mode, littérature, déco, partout où on se demande, mais quelle est donc la genèse de l’idée ??
Tout commence par une personne, une histoire, une page blanche, un élan, c’est ce mouvement que je veux raconter.

Ce n’est pas un hasard si je commence ce nouveau cycle par Isabelle Dubern , co-fondatrice avec Anna Zaoui du site The Invisible Collection.

Esthète, littéraire et business partner d’artistes et artisans, Isabelle est le lien entre le monde de la joaillerie que je connais bien, et celui de l’art et de la décoration que je connais mal.

En route vers Les Précieuses nouvelle version, stay ready to read, very soon !!! l

Photo Delphine Jouandeau

Un siècle de Buccellati

Passer la porte de la boutique Buccellati au 239 de la rue Saint Honoré, c’est entrer dans le temple de la marque mythique de joaillerie Milanaise.

Pour la plupart des jeunes créateurs dont je parle dans Les Précieuses, Buccellati est une marque vénérée dont l’âme créative inspirée de la renaissance italienne brille d’un éclat perpétuel. Une performance dans un domaine où l’oubli succède souvent aux engouements,  la flamme de Buccellati est aussi vivace que celle des tableaux de Botticceli, son jumeau artistique italien.

Pour tous, à l’unanimité, Buccellati est un modèle de beauté, d’harmonie et d’excellence artisanale, une source d’inspiration perpétuelle.

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DFLY, à la poursuite du diamant clair

J’ai écrit mon premier post sur les bijoux éthiques en juin 2016.

Depuis, on a tous pris cinq ans dans la vue, on a remplacé le cinéma par Netflix, le bureau par Zoom et la TV par Instagram. Une touffe de cheveux blancs a colonisé le sommet de mon crâne, mon budget rajeunissement du corps et de l’âme a quintuplé, et les marques qui défendent une joaillerie éthique rencontrent un tel succès auprès des milléniums qu’elles imposent un bouleversement radical des filières traditionnelles de l’or et du diamant.  

Pour nous les humains, cinq ans c’est pas rien. C’est le temps qu’il faut pour passer de l’ado boutonneuse à la belle plante sexy, alors qu’il ne faut que quelques semaines à la chrysalide pour devenir papillon, mais environ 2,5 milliard d’années pour qu’un diamant géologique remonte jusqu’à la surface de la terre.

Au cours de ces cinq ans, en ce qui concerne les diamants, ce n’est pas d’une révolution dont il faut parler, c’est d’un big bang. Parce que les découvertes scientifiques des dernières décennies ont abouti à une performance industrielle fabuleuse, tout aussi improbable pour nos cerveaux modernes que la révolution copernicienne du XVIème siècle par ses contemporains. C’est un changement de paradigme qui met à mal mes représentations du monde de la joaillerie.

On m’aurait dit il y a encore cinq ans qu’on allait désormais mettre deux mois pour cristalliser un diamant à partir d’un mini bout de carbone mis sous pression et haute température dans un four, j’aurais crié à l’imposture, aussi surement que le sceptique cri au fou devant la promesse d’une machine à remonter le temps ou de la transmutation du plomb en or. Et pourtant…Tout a commencé il y a un an, avec un premier appel de Philippe Airaud pour me parler de DFLY.

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La joaillerie solaire de Salomé Rico

J’ai rencontré Salomé Rico un beau jour de septembre, dans sa jolie maison de Montreuil aux couleurs d’un Riad marocain, autant dire il y a un siècle. Un flashback salutaire dans l’été indien en ce weekend de Toussaint gris-bouille.

Entre temps j’ai bouclé un cycle, ce qui m’a pris du temps. J’ai écrit la biographie d’une étoile du grand monde. Je me suis régalée, j’adore jouer les Colombos pour enquêter sur le parcours de personnalités d’exception. Apporter une note romanesque à un personnage réel c’est mon kif, c’est ce qui me donne l’impression de vivre d’autres vies que la mienne, un privilège qui vaut mille fois ce temps passé à écrire.

Ce qui se termine est nécessaire à la naissance de quelque chose de nouveau, dixit Rose, ma prof de Yoga à laquelle j’ai confié depuis peu le salut de mon corps et de mon esprit. Je me réjouis donc d’attaquer la novembrite avec Salomé, créatrice de bijoux pétillante à l’énergie solaire.

Tout dans l’univers de Salomé avait attiré mon attention. En premier lieu son prénom mythique qui la prédestine à une passion immodérée pour les bijoux, la Salomé Dansant de la bible et de Gustave Moreau, c’est quand même un atavisme un peu plus classe que la Sylvie Vartan au blond platine des années yéyé, ou la Sylvie Jolie à la gouaille de poissonnière des années 70, merci papa-merci maman…

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L’irrésistible folie douce de Florence Nérisson

C’est l’été… Pour la plupart du monde, la seule préoccupation, c’est de se faire bronzer les fesses et de picorer des tapas avec un verre de rosé devant le soleil couchant.

Mais il y a les autres, ceux qui bossent.

Par obligation : les saisonniers, médecins, sauveteurs, guides, hôteliers et restaurateurs au service des touristes tout l’été.

Par vocation : les sportifs qui se produisent au JO.

Et par aspiration : les écrivains et les artistes qui ne se lèvent le matin que pour assouvir leur soif de création.

J’ai une grande admiration pour cette troisième catégorie à laquelle je rêve d’appartenir, ambition perturbée par mon inclinaison aux plaisirs primaires de la vie, fesses bronzées, rosé, tapas…

Florence Nérisson fait partie de ces artistes que les vacances n’intéressent absolument pas.

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Le renouveau de la Saga Mellerio

La relation que j’entretiens avec les marques est finalement assez proche d’une relation humaine.

Certaines me laissent totalement indifférente (je ne les calcule pas), d’autres me hérissent (je ne les citerai pas), et puis il y a celles qui m’attirent (j’ai envie d’en parler donc de les acheter).

Et je ne suis pas la seule n’est-ce pas ? Certes, « l’amour n’est pas à vendre », mais à l’inverse, pour acheter un produit, il faut d’abord… l’aimer. D’ailleurs plus il est cher, plus le niveau d’amour doit s’intensifier d’un cran. Qui n’a pas dit en parlant d’une fringue ou d’un bijou « je l’adooore !!! » ?

C’est sans doute du fait de cette relation affective que j’ai délaissé le marketing pour me consacrer au récit de l’histoire des marques, qui se confond bien souvent avec celle de leur créateur. Alors quand il s’agit d’une marque qui a traversé les siècles, ce n’est plus dans une histoire mais dans une saga qu’il faut se plonger.

Mellerio dits Meller fait partie de ces marques qui me fascinent parce que leur histoire se confond avec la grande Histoire, et si je l’observe depuis un moment, c’est aussi parce qu’elle me fait penser à celle du grand parfumeur Guerlain pour lequel j’ai travaillé au début des années 2000.

Une histoire qui traverse les siècles et qui prend racine Rue de la Paix, le quartier « branché » sous Napoléon III dont la plus grande influenceuse fut l’impératrice Eugénie, ce qui a quand même plus de classe que les Kardashian. Lire la suite

La bague Nuvola Ruby de Pomellato

Les nouveaux rubis du Groeland au sourcing estampillés ethiques vont-ils remplacer les célèbres rubis de Mogok, la vallée précieuse de Birmanie si chère à Joseph Kessel ? 

Il faut lire son livre « La vallée des rubis » pour comprendre que ce lieu est mythique, mais hélas aujourd’hui vidé de ses ressources.

La marque Pomellato s’est lancée dans une profonde transformation de son mode de sourcing et de production, et revendique aujoud’hui son engagement dans le développement durable. Cette série limitée de la bague Nuvola n’est pas disponible en boutique, il faut la commander pour la voir, parce que ce qui est exceptionnellement beau est aussi exceptionnellement rare.

Une forme elliptique, organique, fluide, qui joue sur une asymétrie à peine perceptible mais intensément charnelle, la signature unique de Pomellato est dans la bague Nuvola Ruby.

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Martin Martin, le chic remix selon Capucine

Si la mode reste pour moi un domaine désirable, c’est parce que je n’ai jamais réussi à en faire un métier pour en percer les mystères. Du haut de mon 1m73, j’ai bien tenté une carrière de top model autour de mes 20 ans, mais mon rêve s’est heurté à la dure réalité d’un nez trop grand, d’une oreille mal finie, d’un IMC non conforme et d’une démarche dégingandée digne d’Olive, la femme « à Popeye ».  

J’ai remballé mes rêves de grandeur après quelques petits jobs de mannequin-cabine au salon du prêt-à-porter pour des marques du sentier, job rémunérateur mais totalement dévastateur pour mon égo. Et j’ai remisé la mode au rang d’archétype de la perfection, inaccessible, réservé aux déesses de la hype. Lire la suite

L’Indian Way de Dorothée Sausset

Dans la famille des créatrices de bijoux, Dorothée Sausset appartient à la catégorie des « Aventurières » et rien que pour ça je l’admire, moi qui n’ai jamais pu m’échapper durablement hors du périphérique parisien.

Elle a roulé sa bosse dans les Caraïbes, à Cuba, en Amérique du Sud, avant de se poser définitivement en Inde pour y faire des bijoux, d’abord pour les autres, et maintenant en son nom.

J’ai repéré son compte Instagram parce que j’y ai tout de suite reconnu l’Inde, ses couleurs éclatantes, sa lumière magique, ses paysages somptueux, ses effluves de jasmin et ses lieux sacrés. Moi qui ne suis pas du tout branchée ni yoga, ni méditation, ni talisman, ni bijoux ethniques, j’ai tout de suite adoré le compte de Dorothée, parce que ses bijoux sont ravissants, mais surtout parce que tout m’apparaissait authentique, sincère, dénué de ce folklore factice qui fait le lit des gourous New Age à la mode et des créatrices qui se mettent dans ce sillage juteux. Lire la suite

Marie Mas, Métamorphoses Merveilleuses

Écrire requiert du calme, du silence, du repli sur soi. Les écrivains sont des ermites, c’est bien connu.

Or depuis presque un mois, je vis dans le chantier de ma maison de Saint-Jean-de-Luz. C’est une expérience inédite qui perturbe ma concentration. Mon œuvre littéraire Les Précieuses s’en ressent, je peine à rédiger ce portrait de la jeune créatrice de joaillerie MARIE MAS que j’ai revue début Mars à Paris.

J’étais partie avec cette première phrase prometteuse :

Si Marie Mas est une de mes marques favorites, c’est parce que ses bijoux sont merveilleux, mais aussi parce que je l’ai vu naitre.

Là-dessus, un vrombissement effrayant m’a interrompue en plein élan, Benjamin, le plombier, a passé la tête et m’a demandé si je pouvais venir voir si la douche était bien installée.

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Corinne, des poignées de portes au bijou

Vous avez déjà fait des travaux ?

C’est une expérience qui s’apparente à un trekking de 3 mois au Népal alors qu’on n’a jamais marché plus de 3 heures dans les Vosges. Avec en ligne de mire, un endroit fantasmé, le toit du monde.

Au départ c’est l’excitation de l’aventure, on démarre sur les chapeaux de roues. On pète avec une joie mauvaise les murs qui enferment des pièces minus, les vieux plafonds trop bas, les vieux carrelages dégueulasses, et on se retrouve dans un espace nouveau, clair, dégagé, plein de promesses. On se dit que la première étape est cool finalement, mais quand on fait la pose, on est dans une ruine.

Après on commence à reconstruire, mais on se fatigue, la pente est raide, c’est long, trop long. On fait une overdose de béton, on a des nausées, ça y est, on rentre dans la vallée du désespoir.

Et puis soudain, la météo tourne, le guide presse le pas, vite, vite, il faut avancer. Ça se bouscule sur le chantier, on perce, on rebouche, on met partout des fils, des câbles, des tuyaux. C’est toujours la vallée du désespoir, mais en plus, il pleut, il fait froid. Il faut choisir en un éclair des trucs avec lesquels on va passer tout le reste de sa vie, les portes, les fenêtres, les prises électriques, les robinets, la hotte, la cuisinière, les radiateurs, le frigo, les luminaires, la couleur des murs, la couleur des portes, la couleurs des fenêtres, le matériau des sols, les lavabos, les wc, les boutons de chasse d’eau, les interrupteurs, les boutons des placards, et les poignées de portes. Et là, c’est le burn-out, on a le vertige, on se dit qu’on va mourir dans la seconde et dans d’atroces souffrances.

C’est à ce stade critique, en plein mois de janvier, que j’ai reçu le mail de Corinne Darmon.

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Les voyages dans le temps de Lou Woolworth

La première fois que je suis passée devant la galerie Isabelle Subra Woolworth au 51 rue de Seine, je suis tombée en arrêt devant la beauté des bijoux anciens présentés en vitrine, mais je n’ai pas poussé la porte.

J’étais pressée, et sans doute aussi, impressionnée. Les galeries de bijoux anciens m’en imposent plus que les vitrines des grandes marques de la place Vendôme. Ce monde-là exhale les privilèges aristocratiques, le prestige de la grande histoire, les secrets de familles et les mystérieux réseaux des antiquaires et des commissaires-priseurs. Un monde élitiste, un peu occulte, intimidant.

Comme souvent, le signe du ciel qui m’a permis de vaincre cette ultime (et ridicule) timidité est venu d’Instagram. Parce que les bijoux anciens, eux aussi ont fait leur révolution digitale. Depuis quelques années, si ce marché connait un regain d’intérêt, c’est en partie grâce à ce média essentiel pour les petites marques. Ce qui se cachait autrefois dans d’obscures galeries d’initiés fait aujourd’hui l’objet de magnifiques comptes Instagram qui foisonnent de bijoux hérités du passé.

Parce qu’un bijou ancien, c’est plus qu’un bijou. C’est aussi une histoire, une trace de la virtuosité d’artisanats oubliés, une source d’inspiration extraordinaire, une exquise nostalgie, et pour ceux qui les aiment, un talisman unique.

Et puis il faut le dire, ils sont doués d’un pouvoir magique. On ne choisit pas un bijou ancien, c’est lui qui vous choisit.

C’est ce qui m’est arrivé avec une bague que Lou Woolworth avait postée sur l’Instagram de la galerie.

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